Peau du nouveau-né

28 mars 2012, par PLANTIN P.

La thérapeutique dermatologique des premières semaines de vie doit prendre en compte le désir d’une "peau parfaite" souhaité et ressenti par les parents et les impératifs de prudence qu’imposent le risque thérapeutique propre à la peau du nouveau-né.

1 - SPÉCIFICITÉS DE LA PEAU DU NOUVEAU-NÉ

1.1 - NOUVEAU-NÉ À TERME

La peau du nouveau-né à terme n’est pas différente de la peau de l’enfant quant à son architecture et à son épaisseur. Sa perméabilité ne diffère pas notablement de l’enfant plus âgé mais le rapport surface corporelle / poids est plus élevé chez le nouveau-né à terme. Par ailleurs, l’occlusion de l’aire des langes peut à elle seule être à l’origine d’une intoxication systémique lors de traitements locaux à ce niveau.

Le vernix caseosa, composé de protéines, de lipides, d’eau, de cornéocytes fœtaux et d’une matrice lipidique hydrophobe, recouvre la peau du fœtus pendant le troisième trimestre de la grossesse. Son rôle hydratant et anti-infectieux est connu, il favorise aussi le développement du « manteau acide cutané » et la colonisation cutanée physiologique. Le laisser en place est donc une attitude adapté mais qui va à l’encontre des habitudes actuelles au sein des maternités.

Les anomalies transitoires de la vasomotricité cutanée et de la sudation n’ont pas de conséquence particulière sur les thérapeutiques cutanées. Par contre, la sécheresse cutanée relative observée chez le nouveau-né doit être prise en compte dans le choix des topiques utilisés.

1.2 - NOUVEAU-NÉ PRÉMATURÉ

Avant 32 semaines d’âge gestationnel, la peau de l’enfant prématuré est caractérisée par une perméabilité et une fragilité accrues qui sont des facteurs de morbidité et de mortalité supplémentaires chez les enfants immatures. La perméabilité cutanée diminue progressivement après la naissance pour devenir identique à celle de l’enfant à terme, le délai de maturation cutanée est de 15 jours environ. Ce délai est plus bref chez les nouveau-nés noirs et chez les nouveau-nés de sexe féminin, il est plus long chez les extrêmes prématurés (moins de 26 semaines d’âge gestationnel). Le choix des topiques cutanés utilisés chez les nouveau-nés prématurés doit donc prendre en compte cette perméabilité cutanée accrue et, ce, d’autant que d’autres facteurs liés a l’immaturité viennent aggraver le risque d’intoxication.

2 - RISQUES D’INTOXICATION PAR VOIE PERCUTANÉE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ

Les risques d’intoxication par voie percutanée chez le nouveau-né sont liés :

– au rapport surface cutanée/ poids multiplié par 3 chez le nouveau-né à terme et par 6 chez le prématuré de moins de 32 semaines par comparaison à la valeur de ce rapport chez l’enfant ;

– à la surface de l’aire des langes où l’occlusion aggrave le passage trans-cutané des topiques appliqués sur cette zone qui représente entre 10 et 20 % de la surface corporelle ;

– à l’immaturité physiologique, particulièrement chez le prématuré, des organes impliqués dans la neutralisation et l’élimination de substances potentiellement toxiques. C’est le cas au niveau hépatique (systèmes d’oxydation et de glycuroconjugaison), au niveau rénal (filtration glomérulaire physiologiquement basse chez le nouveau-né) ou au niveau sanguin (hypoalbuminémie).

Bien entendu, l’existence de maladies cutanées où le stratum corneum est altéré (ichtyoses congénitales, epidermolyses bulleuses) sont des facteurs de risques supplémentaires d’intoxication per-cutanée. La liste des médicaments ou des substances potentiellement dangereuses pour le nouveau-né ne se résume pas aux produits cités dans le Tableau I. L’évolution des techniques et le terme de plus en plus précoce des enfants pris en charge peuvent être à l’origine de manifestations cutanées inconnues jusqu’alors.

3 - LIEN UTILE

Dermato-info : La peau du nouveau né à terme

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