Urétrites gonococciques

2 avril 2014, par HALIOUA B.

Neisseria gonorrhoeae est un diplocoque à Gram négatif, aérobie strict, qui présente un tropisme particulier pour les cellules cylindriques glandulaires de l’endocol et de l’urètre. Chez l’homme, l’infection gonococcique est le plus souvent responsable d’une urétrite antérieure aiguë, typiquement très symptomatique avec un écoulement purulent jaune verdâtre, une méatite œdémateuse, une dysurie « chaude pisse » et des parfois adénopathies inguinales, mais sans fièvre. Le tableau peut être totalement asymptomatique. Les gonococcies peuvent être responsables d’un certain nombre de complications : orchi-épididymite, prostatite aiguë, infection des glandes de Cowper, de la glande de Tyson et des glandes para-urétrales, balanite [1].

Chez la femme, la gonococcie est le plus souvent asymptomatique. Elle peut aussi être responsable d’un tableau de cervicite pouvant entraîner une pesanteur pelvienne, des leucorrhées purulentes, volontiers associées à une urétrite se traduisant par des brûlures mictionnelles et une dysurie. Des complications sont possibles (inflammation des glandes para-urétrales et des glandes de Bartholin, salpingite, voire pelvi-péritonite subaiguë avec un risque accru d’infertilité et de grossesse extra-utérine en l’absence de traitement. Les prélèvements sont effectués le matin avant émission d’urine ou toilette génito-urinaire chez l’homme à partir de l’écoulement urétral, ou en l’absence d’écoulement, par écouvillonnage endo-urétral. Chez la femme à partir des sécrétions cervicales et par écouvillonnage endo-urétral. Un prélèvement pharyngé et anal doit être systématiquement associé chez la femme et l’homosexuel masculin.

Le diagnostic de gonococcie est confirmé par la mise en évidence à l’examen direct, après coloration par le bleu de méthylène ou de Gram de la présence de diplocoques à Gram négatif, en grain de café, extra- et surtout intracellulaires, au sein de nombreux polynucléaires altérés. La sensibilité de cet examen par rapport à la culture est proche de 100 p. 100 chez l’homme symptomatique. La sensibilité de l’examen direct est très faible pour les prélèvements pharyngés, anorectaux et cervico-vaginaux [2]. La culture sur une gélose au sang cuit (Thayer-Martin, Isovitalex) avec et sans adjonction d’antibiotiques, réalisée soit sur l’écoulement urétral, soit sur l’écouvillon endo-urétral est l’examen de référence. Elle permet, d’une part, de confirmer le diagnostic en 24 à 48 heures et, d’autre part, de réaliser l’identification bactériologique, le typage pour les études épidémiologiques, la recherche de production d’une pénicillinase et l’antibiogramme [3]. C’est la seule manière de faire le diagnostic de certitude dans les gonococcies féminines, pharyngées, anorectales [4]. Ce sont des tests sensibles et spécifiques (PCR), mais coûteux et ne permettant pas de pratiquer un antibiogramme. Ils doivent être réservés à des cas très particuliers (recherche, études épidémiologiques).

Les données émanant du réseau national des gonocoques (RENAGO), mis en place en 1985 pour la surveillance épidémiologique de la gonococcie en France, ont établi une augmentation du nombre de cas rapportés depuis 1997. En 2011, le réseau RENAGO a mis en évidence une augmentation du nombre de cas rapportés par rapport à 2010 [5]. Les souches ont isolées dans 85,5 % des cas chez des hommes. Une localisation anorectale a été retrouvé dans 5,9 % des cas chez des hommes et dans 0,8% chez des femmes. Une localisation pharyngée a été rapporté chez 0,3% des hommes et 0,4% des femmes.

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