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Orf

31 août 2005, par SEGARD M. & CATTEAU B.

Sommaire

L’Orf est une zoonose virale due à l’inoculation de Parapoxvirus. Très connue des professions au contact du cheptel ovin ou caprin, elle est responsable chez l’agneau de l’ecthyma contagieux dont l’expression clinique est dominée par une stomatite vésiculo-croûteuse très sévère. Chez l’homme, le stade lésionnel le plus caractéristique est une papule rouge-violacée érosive ou croûteuse, entourée d’une couronne œdémateuse blanc-grisâtre et d’un halo érythémateux, qui siège sur les mains dans plus de 90 p. 100 des cas. Le virus responsable étant difficilement cultivable, le diagnostic est clinique mais repose essentiellement sur la notion de contact avec un mouton ou une chèvre potentiellement infecté, vivant ou mort. L’Orf atteint donc avec prédilection les éleveurs de moutons, les vétérinaires, les employés des abattoirs, les bouchers mais également la population musulmane 1 à 3 semaines après la « fête du mouton » qui a lieu environ 2 mois après la fin du Ramadan. La microscopie électronique permet de confirmer le diagnostic mais elle est exceptionnellement demandée en pratique.

Cette affection involue spontanément en 6 à 24 semaines et pose donc rarement de problème thérapeutique. Des complications sont néanmoins possibles, dominées par la surinfection bactérienne. De façon plus rare, mais avec une fréquence en nette augmentation peut survenir un érythème polymorphe, avec parfois une atteinte muqueuse majeure. Nous avons récemment observé un Orf avec érythème noueux.

Étant donné l’absence de traitement antiviral spécifique, en attendant peut-être l’essai du cidofovir déjà testé dans d’autres poxviroses, il faut insister sur les mesures prévenant la surinfection bactérienne et la dissémination de l’affection.

En pratique, dès le diagnostic d’Orf posé, des antiseptiques doivent être appliqués sur la lésion. Certains auteurs préfèrent l’alcool iodé ou une solution aqueuse de nitrate d’argent qui favoriserait l’assèchement des lésions en évitant la surinfection. En cas de lésion croûteuse, une pommade antibiotique, type acide fusidique, chlortétracycline à 3 p. 100 ou sulfadiazine argentique, peut être associée. Une antibiothérapie par voie générale, dirigée essentiellement contre les cocci à Gram positif (pénicilline M ou V, pristinamycine en première intention), est instaurée au moindre signe de surinfection bactérienne locale, d’adénite, de lymphangite, a fortiori en cas de signes généraux. Nous ne développeront pas dans ce chapitre les mesures spécifiques de prise en charge d’un érythème polymorphe ou d’un érythème noueux.

De façon anecdotique, sont rapportés des résultats bénéfiques sur l’évolution de la maladie après cryothérapie ou exérèse chirurgicale sous anesthésie locale. Un geste chirurgical peut, en revanche, présenter un intérêt diagnostique lorsque le praticien est confronté à des formes trompeuses ou atypiques, botriomycoïdes, angiomateuses ou à type de kérato-acanthome. L’emploi d’idoxuridine (à 40 p. 100 dans le diméthylsulfoxide) trois fois par jour pendant 6 jours, appliqué localement, permettrait une guérison plus rapide en 18 à 20 jours.

La résistance des Parapoxvirus dans le milieu extérieur explique la possibilité de transmission indirecte de cette dermatose à partir de matériels contaminés. Une transmission interhumaine est également possible. Les mesures évitant la dissémination de l’infection à l’entourage, notamment s’il existe des sujets immunodéprimés, sont essentielles (pansements protecteurs).

En ce qui concerne le traitement préventif, les stratégies de vaccination des ovins et des caprins sont à préciser car, étant donné son caractère coûteux, la vaccination n’est bien souvent réalisée que lorsque les premiers animaux présentent des signes cliniques de la maladie. Il faut poursuivre les campagnes d’information des personnes exposées professionnellement aux animaux potentiellement infectés. Enfin, tout animal atteint doit être isolé s’il est vivant et considéré comme impropre à la consommation. Dans tous les cas, la manipulation de carcasse de mouton, surtout quand il s’agit de la tête de l’animal, notamment d’agneau, ne devrait se faire qu’avec des gants.

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