Sommaire
1 - KÉRATOSES SÉBORRHÉIQUES
Les kératoses séborrhéiques ou verrues séborrhéiques sont des lésions cutanées bénignes et fréquentes, en particulier chez le sujet âgé. Elles appartiennent à la catégorie des tumeurs épithéliales bénignes et ceux sont les plus fréquentes d’entre elles.
1.1 - DIAGNOSTIC
Unique ou multiples, elles épargnent les muqueuses, les paumes et les plantes et se situent volontiers dans les zones séborrhéiques du visage, du décolleté ou du dos.
Elles apparaissent, le plus souvent vers l’âge de 40 ans, mais peuvent apparaître dès l’adolescence chez l’homme comme chez la femme.
Il existe différentes formes cliniques de ces lésions. Elles sont le plus souvent pigmentées, bien limitées, comme posées sur la peau ; sous forme de macule, papule ou plaque en fonction du stade de développement ; parfois pédiculées ; de couleur brun clair (depuis le jaune jusqu’au brun-noir). Leur surface verruqueuse se recouvre progressivement d’un enduit squamo-kératosique gras. La taille des lésions est très variable de quelques millimètres à plusieurs centimètres mais excède rarement 1 cm.
Lorsqu’elles sont multiples, elles peuvent se distribuer le long des plis cutanés, des lignes de Blashko ou en sapin de noël.
Ces lésions sont fréquemment asymptomatiques mais peuvent devenir sensibles ou prurigineuses, érythémateuses ou croûteuses, notamment à la faveur d’un traumatisme.
Certaines lésions peuvent devenir inflammatoires, du fait de la rupture de pseudo-kystes qu’elles contiennent ou secondairement à un traumatisme voire, plus rarement du fait d’une infection.
L’étiologie de ces tumeurs est inconnue. L’exposition solaire, le terrain génétique ont été impliqués comme possibles facteurs favorisants. Il existe souvent une histoire familiale identique ; ces lésions apparaissent fréquemment dans les zones photo-exposées. Le rôle d’une infection virale à HPV a également été évoqué, notamment en raison de l’aspect clinique proche des verrues. Si l’association d’HPV avec les kératoses séborrhéiques génitales a été démontré dans une étude, elle ne semble pas confirmée pour les kératoses séborrhéiques extra-génitales.
L’évolution est chronique et bénigne.
En histologie, elles sont formées d’une hyperplasie de l’épiderme avec forte prédominance des cellules basales. L’hyperplasie est dissociée par des invaginations de la couche cornée formant des cavités kystiques ou « pseudokystes cornés » caractéristiques. L’hyperpigmentation est fréquente. Il existe différents types histologiques de kératose séborrhéique : acantholytique, hyperkératosique, réticulé ou adénoïde, irrité ou clonal, en fonction de la prépondérance de l’acanthose, de la papillomatose ou de l’hyperkératose. La présence d’atypies modérées ou de mitoses doit faire discuter une irritation ou une inflammation locale. Dans ce cas, il existe souvent un infiltrat lymphocytaire dermique, périvasculaire, diffus ou lichénoïde.
Le plus souvent, le diagnostic est aisé et clinique.
La dermoscopie peut être utile pour affirmer le diagnostic clinique. L’analyse au dermatoscope permettra de définir qu’il s’agit d’une lésion non mélanocytaire (sans réseau pigmenté, sans globule, strie, patron homogène et parallèle). Elle montre la présence des pseudokystes cornés sous forme de structures rondes de taille variable, de couleur blanche ou jaunâtre. On peut également observer des pseudo-comédons, structures bien circonscrites, de forme irrégulière, de couleur brun-jaune à brun-noir, correspondant à des bouchons de kératine au sein d’orifices folliculaires dilatés.
Les kératoses séborrhéiques peuvent coexister avec d’autres tumeurs bénignes ou malignes (tumeur de collision). Le signe de Leser-Trélat correspond à l’efflorescence brutale de multiples kératoses séborrhéiques à caractère prurigineux. Ce signe oriente vers la présence d’une tumeur solide, le plus souvent un cancer de l’estomac ou un adénocarcinome colique, plus rarement un lymphome ou un cancer du sein, voire un mélanome.
1.2 - DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIELS
Les diagnostics différentiels à envisager sont : l’achrocordon, les verrues vulgaires, les condylomes acuminés, l’acrokératose verruciforme, les tumeurs de l’infundibulum folliculaire, les poromes eccrines, la maladie de Bowen, le carcinome épidermoïde, le lentigo, un nævus, voire un mélanome.
La stuccokératose et la dermatose papuleuse noire seraient des variants de kératoses séborrhéiques dans des formes hyperkératosique pour la première et acantholytique pour la seconde, démontré notamment par la présence de mutations des gènes PIK3CA et FGFR3 comme dans les kératoses séborrhéiques classiques.
1.3 - TRAITEMENT
Le traitement est, le plus souvent, dicté par une contrainte esthétique. Les lésions symptomatiques peuvent être traitées par curetage ou cryothérapie. Le traitement chirurgical (exérèse) n’est recommandé qu’en cas de doute diagnostique, notamment avec une tumeur mélanocytaire, en cas de croissance rapide ou d’aspect atypique.
2 - KÉRATOSE FOLLICULAIRE INVERSÉE
La kératose folliculaire inversée ou porome eccrine est également d’une tumeur épithéliale bénigne, considérée par certains auteurs comme une tumeur folliculaire. C’est le principal diagnostic différentiel d’une kératose séborrhéique irritée.
Cette lésion est plus rare que les kératoses séborrhéiques, survient préférentiellement chez l’adulte, d’âge moyen, après 60 ans. Les hommes sont plus fréquemment atteints que les femmes (2/1).
Cliniquement : Il s’agit d’une lésion unique, ferme, blanche ou couleur chair, voire rose, le plus souvent localisée au niveau du visage (joues, lèvre supérieure). La taille de la lésion est variable, fréquemment inférieure à 1 cm de diamètre, mais pouvant atteindre une dizaine de centimètres.
En histologie : Il s’agit d’une lésion endophytique ou exophytique, souvent symétrique et bien limitée. La lésion est constituée d’une prolifération de kératinocytes de taille moyenne ou grande, distincts les uns des autres avec de multiples éléments de dyskératose, surmontée d’une hyperkératose ortho et para-kératosique. Des cellules basaloïdes peuvent être observées en périphérie.
La découverte de kératoses folliculaires inversées peut faire discuter le syndrome de Cowden puisqu’il s’agit d’un des critères mineurs de cette pathologie.
Le lien entre la kératose folliculaire inversée, le trichilemmome, la kératose séborrhéique et les verrues vulgaires est discuté.
Le traitement est chirurgical.
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