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Folliculite à éosinophiles

21 février 2013, par SOARES-DE-ALMEIDA L. & FERNANDES S.

1 - CLINIQUE ET ANATOMO-PATHOLOGIE

La folliculite à éosinophiles est une inflammation d’origine non infectieuse des follicules pilo-sébacés liée à une infiltration par des polynucléaires éosinophiles (PE). Il s’agit en réalité d’un cadre anatomo-clinique sans grande spécificité susceptible d’être observé dans des circonstances assez hétérogènes. Ses mécanismes étiologiques n’ont toujours pas été élucidés, mais il a été suggéré que l’infiltration éosinophile pourrait être liée à une stimulation des lymphocytes T auxiliaire de type 2 (Th2). De prévalence inconnue, la folliculite à éosinophiles est plus fréquente chez les patients de sexe masculin. La présence d’une hyperéosinophilie dans le sang périphérique est inconstante.

L’affection se présente le plus souvent sous la forme de papulo-pustules folliculaires stériles et prurigineuses, avec toutefois des caractères différentiels dans les trois grands sous-types cliniques :

– La folliculite à éosinophiles associée au SIDA (ou aux états d’immunodépression en général), caractérisée par des lésions plutôt durables, très prurigineuses, prédominant sur la partie supérieure du tronc, la tête et le cou et sur la partie proximale des membres. Chez les patients VIH+, elle est généralement associée à un déficit en lymphocytes CD4 (notamment quand les CD4 sont inférieurs à 300/mm3) mais elle peut au contraire apparaître au cours d’une restauration du système immunitaire induite par un traitement HAART.

– La maladie d’Ofuji ou folliculite pustuleuse à éosinophiles "classique" est une affection rare qui survient essentiellement chez des patients adultes d’origine asiatique, immunocompétents et de sexe masculin ; les lésions cutanées ont souvent une distribution "séborrhéique" (face notamment joues, cuir chevelu) mais peuvent également siéger sur le tronc et les membres voire les paumes et les plantes ; cette affection évolue par poussées récurrentes de lésions cutanée d’extension centrifuge avec guérison centrale, aboutissant à la formation de plaques circinées.

– La folliculite pustuleuse à éosinophiles du nourrisson est une entité peu fréquente et auto-limitée qui affecte essentiellement le cuir chevelu, où les pustules apparaissant par poussées évoluent souvent vers des croûtes.

Outre ces trois formes, quelques rares cas de folliculite pustuleuse à éosinophiles induite par des médicaments ont également été décrits (’allopurinol, carbamazépine ou agents anti-TNFα).

Sur le plan histologique, l’infiltrat inflammatoire est composé d’une majorité de PE et atteint essentiellement la région périfolliculaire et la gaine externe du follicule pileux qui présente des altérations spongiotiques. Un infiltrat périvasculaire et interstitiel associant lymphocytes et PE est également souvent présent, mais la recherche de microorganismes par les colorations spécifiques est par définition négative. La maladie d’Ofuji et la folliculite pustuleuse à éosinophiles du nourrisson sont également caractérisées par de fréquentes altérations de l’épiderme (exocytose de PE, spongiose) entraînant la formation de petites pustules éosinophiles sous-cornées ou intra-épidermiques.

2 - STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

Aucune recommandation thérapeutique claire n’a été faite à ce jour en raison de l’absence d’études randomisées et contrôlées dans cette affection rare.

Le but essentiel du traitement est de soulager le prurit qui est le symptôme de loin le plus gênant. Les anti-histaminiques oraux (cétirizine à la posologie de 20 à 40 mg/jour et cyproheptadine à la posologie de 2 à 4 mg/jour), les corticoïdes locaux (classe I et II chez les enfants et classe II et III chez les adultes), les corticoïdes oraux (prednisone à la posologie de 1 mg/kg par jour) ou le tacrolimus en pommade à 0,1 % peuvent apporter un certain bénéfice mais leur efficacité reste souvent modérée. Quelques études suggèrent l’intérêt de l’indométhacine orale (50-75 mg/jour), de la photothérapie (UVB ou PUVAthérapie), de la minocycline (100 mg deux fois par jour), de la dapsone (100-200 mg/jour pendant 2 semaines au moins) ou encore de la cyclosporine (3-5 mg/kg/jour). L’érythromycine orale peut être bénéfique chez les enfants. De façon plus anecdotique des améliorations ont été soulignées avec les patches transdermiques à base de nicotine et avec l’infliximab.

Chez les patients VIH+, le traitement antirétroviral hautement actif (HAART) permet de normaliser les chiffres de lymphocytes CD4+ circulants, ce qui, dans certains cas, peut conduire à la disparition des lésions même si une aggravation paradoxale voire un déclenchement des lésions a également été signalé à cette occasion. D’autres traitements ont été proposés chez ces patients : itraconazole oral (100-400 mg par jour), métronidazole (250 mg 3 fois par jour), isotrétinoïne (0,5-1 mg/kg/jour x 1-4 semaines, puis arrêt progressif) et interférons (β et γ).

 

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