Exanthèmes viraux

10 janvier 2012, par GELMETTI C. & MENICANTI C.

1 - GÉNÉRALITÉS

Si l’on définit comme exanthème une quelconque éruption cutanée qui peut être accompagnée (ou non) de fièvre ou d’autres symptômes, la liste pourrait être très longue. À notre avis, seules devraient être considérées comme exanthématiques les éruptions caractérisées par :

— une apparition rapide ;

— des lésions cutanées uniquement érythémateuses avec une éventuelle autre composante minime (vésiculeuse, purpurique, squameuse, etc.) ;

— un cours aigu.

Ici seuls seront traités les exanthèmes viraux.

Avant de faire le diagnostic d’un exanthème, il faut considérer la sémiologie de la lésion. L’érythème de base peut être décrit comme morbilliforme, scarlatiniforme ou rubéoliforme. L’érythème morbilliforme est composé de macules érythémateuses, facilement confluentes, séparées par des intervalles de peau saine non prurigineuses. L’érythème scarlatiniforme se présente avec des macules très petites, parfois infiltrées, confluant rapidement en vastes nappes colorées en rouge vif ou foncé, avec de rares intervalles de peau saine, surtout à la hauteur des plis ; il est rarement prurigineux. L’érythème rubéoliforme est formé de macules rose pâle plus ou moins étendues, très petites, planes, séparées par des intervalles de peau saine ; il est non prurigineux. Il faut également évaluer la distribution topographique des éléments et leur évolution.

De nombreuses viroses peuvent comporter des éruptions cutanées morbilliformes au cours de leur évolution. Dans 10 à 15 p. 100 des cas de mononucléose infectieuse, l’érythème commence entre le quatrième et le sixième jour et se localise principalement sur le tronc et les membres supérieurs mais il est rare et souvent non spécifique. L’apparition de l’exanthème est presque constante si l’ampicilline a été prescrite. Parmi les exanthèmes morbilliformes on citera aussi le syndrome de Gianotti-Crosti ou acrodermatite papuleuse de l’enfant. L’exanthème periflexural asymétrique de l’enfant (asymmetric periflexural exanthem of childhood [APEC]) se caractérise par un exanthème scarlatiniforme asymptomatique ou modérément prurigineux, qui débute le plus souvent à une aisselle et diffuse de façon centrifuge au tronc et dans la région proximale des membres. Une visite soignée révèle des lésions plus modestes contro-latérales ; l’état général reste bien conservé et la régression spontanée s’observe en général dans les 4 à 5 semaines qui suivent.

L’herpèsvirus humain 6 (HHV-6) est l’agent responsable de l’exanthème subit ou roséole infantile. En outre, de nombreux virus sont responsables d’éruptions roséoliformes et notamment les arbovirus et les entérovirus. Parmi les exanthèmes non classiques, citons aussi le syndrome de Kawasaki et le syndrome en « gants et chaussettes » (gloves and socks syndrome). Ce dernier est un cadre dans lequel apparaissent des lésions scarlatiniformes localisées dans les zones des gants et des chaussettes. Les lésions deviennent facilement purpuriques, tendent à confluer et sont parfois associées à une sensation de tension et de gêne. La caractéristique cutanée typique de la dengue est une éruption maculaire transitoire légère à type d’érythème sur la nuque et le visage. L’éruption évolue pour devenir de nature plus maculopapuleuse, et sa durée peut aller jusqu’à cinq jours. Des pétéchies ou un purpura peuvent être parfois observés. Dans la fièvre jaune, outre un ictère intense, un érythème facial, une hyperhémie conjonctivale et des pétéchies peuvent être observés. L’infection par le virus West Nile se manifeste par un malaise, une anorexie, une photophobie, des myalgies des adénopathies, des arthralgies et un dysfonctionnement neurologique se traduisant par un tableau d’encéphalite, et peut également provoquer des éruptions punctiformes érythémateuses et maculopapuleuses, qui sont les plus importantes sur les membres. La fièvre de Lassa, outre des symptômes généraux tels qu’une fièvre, des céphalées et des myalgies, peut induire une éruption pétéchiale généralisée et un œdème du visage.

En raison de la forte couverture vaccinale, par exemple pour la rougeole et la rubéole, certains exanthèmes classiques sont désormais rarement observés dans les pays occidentaux. De plus, pour cette raison, et également en raison de la large prescription d’antibiotiques, il peut être difficile de différencier une rougeole, une rubéole, une scarlatine, un érythème infectieux et une roséole infantile. De plus, la rougeole peut également atteindre des personnes qui ont été immunisées suite à un échec de la vaccination.

Il faut également noter que de nombreux virus capables de provoquer des éruptions exanthématiques peuvent également induire des symptômes systémiques sans aucune lésion cutanée. Par exemple, le parvovirus B19, outre un érythème infectieux, peut déclencher une crise aplasique chez des patients présentant une anémie hémolytique chronique, une éruption, un hydrothorax et une ascite, des arthralgies et une arthrite, des complications de la grossesse, une fièvre, une anasarque foeto-placentaire ou la mort fœtale et le rejet d’un greffon hépatique.

On peut aujourd’hui affirmer non seulement qu’un même virus peut donner diverses éruptions (par exemple, le parvovirus B19) mais, à l’inverse, que la même éruption peut être induite par différents virus (par exemple, le syndrome de Gianotti-Crosti).

2 - INFORMATION AUX PATIENTS

Le patient et les parents doivent être rassurés et informés du caractère généralement bénin et transitoire des maladies éruptives ; dans le cas de la rubéole et du mégalérythème infectieux, il faut tenir l’enfant atteint à l’écart des femmes enceintes. Il faut isoler les enfants atteints de rougeole et de varicelle (abstention scolaire). Dans tous les cas et surtout dans la mononucléose infectieuse, il est recommandé d’éviter les efforts et d’observer le repos.

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